François le Juif orthodoxe, François le Chrétien orthodoxe, François le Musulman orthodoxe !!!!!
Un seul point commun : la barbe abondante. (au passage : merci au back-office pour l'habillage)
Non, sans blaguer maintenant. Il est vrai que c’est un peu tendu dans les différents quartiers. Par conséquent, contrairement aux autres endroits du monde, vous êtes beaucoup plus en sécurité en affichant clairement que vous êtes un touriste. Vous pouvez ainsi vous balader plus aisément et passer d’un quartier à l’autre sans ressentir des regards pesants. Contrairement à mon habitude, j’ai donc parcouru la ville avec mon plan en main, l’appareil photos en bandoulière et un pull rouge. Le seul endroit où j’ai dérogé à cette règle, c’est au mur des lamentations où j’ai rangé mon plan et mon appareil photos et où j’ai dû mettre une Kippa sur la tête. Ca a bien marché. Apparemment, j’ai le profil. Pas besoin de me déguiser en juif orthodoxe pour qu’on me prenne pour quelqu’un du coin. En « touriste », personne ne m’adressait la parole. Avec la Kippa, je n’ai pas arrêté de me faire aborder sympathiquement en hébreu.
Un peu "Dieu pour tous" et "chacun pour soi". Pour visiter Jérusalem et prendre son pouls, il faut tenir compte des différentes religions. Je suis arrivé un vendredi, jour saint pour les musulmans. Du vendredi soir jusqu’au samedi soir, c’est le Shaba pour les Juifs. Et le dimanche, c’est les Chrétiens qui font leurs offices. Il faut presque avoir un agenda de ministre pour programmer les visites car les lieux de certaines communautés ne sont pas accessibles aux autres communautés pendant ces jours-là. En plus, pour les autres jours, c’est uniquement entre telle et telle heure.
Cependant, ce qui est un peu décevant (mais bon, finalement, ça reflète la nature humaine), c’est que, même si les lieux sont saints pour toutes les communautés, chacune possède ses propres « chasses gardées ». C’est vrai entre les différentes religions mais ça l’est aussi au sein d’une même religion. Ainsi par exemple, sur le Mont des Oliviers, sur le parcours du chemin de croix et même au sein de la basilique du Saint-Sépulcre qui est le lieu saint pour toutes les Eglises chrétiennes, certaines chapelles sont gardées par les Catholiques, d’autres par les Orthodoxes, ou encore d’autres par les Chrétiens d’Ethiopie, et ainsi de suite. Finalement, chacun ne s’occupe que de « sa chasse gardée ». Au bout du compte, on en arrive à ce que ce haut lieu de la chrétienté tombe presque en décrépitude car personne ne veut ouvrir le porte-monnaie. La chapelle du Saint-Sépulcre proprement dit et qui a été construite autour du tombeau supposé du Christ menace même de s’effondrer. Elle tient encore debout grâce à un échafaudage de misère.
Le chemin de croix… et les marchands !
La plupart des pèlerins arrivent dans la basilique du Saint-Sépulcre après avoir parcouru la Via Dolorosa, le chemin de croix dans la ville. Sur le lieu de chaque station se trouve désormais une chapelle. C’est cependant assez particulier. L’image biblique que je me faisais du chemin de croix ne correspond pas à la réalité. Aujourd’hui, la Via Dolorosa est quasi en intégralité dans le quartier musulman. C’est surprenant de voir les pèlerins chrétiens passer dans les souks très animés et où se mélangent toutefois quelques boutiques de « bondieuseries chrétiennes ». Jésus a peut-être chassé les marchands du Temple. Ils se trouvent à présent dans la Via Dolorosa.
Tout est prétexte au commerce. Au début de la Via Dolorosa, il est même possible d’obtenir des croix en bois qu’on peut transporter à l’image du Christ. Il suffit ensuite de la laisser sur un tas avec les autres croix juste avant d’entrer dans la basilique du Saint-Sépulcre. Je ne sais pas qui se charge de les redescendre.
On se presse !!!
Je ne me suis pas rendu compte tout de suite de la raison pour laquelle les Juifs orthodoxes se pressaient dans les rues. Le vendredi soir, je les ai vus presque courir, marchant et regardant droit devant. J’ai compris ensuite qu’ils passaient dans le quartier musulman pour rejoindre l’entrée de l’esplanade du mur des lamentations. C’est à ce moment que je me suis rendu compte de la tension latente qui règne au sein de Jérusalem. Jusqu’alors, j’avais l’impression que tout était calme et serein. A mon avis, c’était d’autant plus vrai qu’un attentat avait eu lieu dans une école de Jérusalem le jour précédent. Il n’y avait plus eu d’attentat de ce genre depuis 4 ans à Jérusalem.
Palestine.
Je comptais me rendre à Bethléem. Cette ville n’est qu’à 8 km de Jérusalem mais elle se trouve en Palestine. Finalement, j’ai changé d’avis. Suite à l’attentat à Jérusalem, la Palestine a été bouclée pendant un certain temps. Les « frontières » étaient réouvertes quand j’ai voulu y aller mais subitement je me suis dit que cela n’était pas une bonne idée. Pas que cela soit plus dangereux que Jérusalem mais je devais rejoindre le lendemain la Jordanie pour prendre mon avion. Je n’avais donc pas envie d’être bloqué en Palestine si un autre événement se reproduisait.
Comme des réfugiés.
Pour retourner en Jordanie, j’ai dû me rendre à un poste frontière situé à 2h30 au Nord de Jérusalem pour ensuite redescendre vers le Sud pendant 2h30 pour rejoindre Amman. Jérusalem et Amman ne sont distantes que de 70 km mais le poste frontière à ce niveau là n’est pas considéré comme un poste frontière ordinaire par les Jordaniens car ils considèrent un peu la Cisjordanie comme une partie de leur territoire. Du coup, ils ne délivrent pas de Visa à ce poste frontière.
Pour me rendre au poste frontière de Bet She’An, j’ai pris un bus public. J’ai rencontré un couple d’Américains qui faisaient la même chose que moi. Le chauffeur du bus devait nous indiquer où nous devions descendre. Mais il a oublié de le faire. Tout d’un coup, mon flair me disait qu’on était pas dans la bonne direction. Je suis allé trouver le chauffeur et effectivement, nous étions trop loin. Du coup, il nous a déposés directement. Nous nous sommes retrouvés avec nos bagages au bord de la route au milieu de nulle part, sans savoir où nous étions et ce que nous devions faire. Un peu comme des refugiés. Finalement, après une demi-heure, un bus nous a remarqués et nous a pris pour nous ramener à Bet She’An. Ensuite, tout s’est déroulé correctement. Le couple d’Américain qui avaient réservé une voiture avec chauffeur du côté Jordanien m’a proposé de les accompagner. Ils allaient à Amman mais en passant par Béthanie. Du coup, j’ai refait la visite du site du baptême du Christ. Comme j’ai commencé mon voyage en Jordanie par là, la boucle est bouclée.